Depuis le lancement de la version « Chat » de l’intelligence artificielle GPT, capable d’imiter la production intellectuelle humaine, la notion de « révolution anthropologique » refait surface dans les débats. Toutefois, chaque nouvelle avancée technologique de « rupture » relève en réalité d’une ambivalence technophile, tentée par le technoscepticisme, oscillant entre émerveillement et frisson face aux progrès rapides et impressionnants de l’informatique et de la cybernétique.

Les récentes prouesses mathématiques et technologiques ont conduit à une massification rapide de ce que l’on appelle « intelligence artificielle », bien que des spécialistes comme Luc Julia ou Jean-Louis Dessalles contestent cette appellation car cette « intelligence » se décline en réalité sous une multitude de dispositifs informatiques.

Parmi ces dispositifs, on trouve des algorithmes d’aide à la décision, la reconnaissance faciale, la musique générée par algorithmes, les images générées par le texte, les agents conversationnels portables, la domotique intelligente, et les robots humanoïdes capables de converser, comme Sofia ou Ameca.

La massification des technologies et leur intégration dans les sociétés contemporaines sont remarquables et donnent l’impression d’une vague irrésistible de technologisation et de numérisation des environnements humains. Cette tendance alimente un imaginaire débridé qui se pense nécessairement en rupture avec le passé, d’où la mode de la « révolution » aux accents transhumanistes.

Cependant, il convient de souligner que le terme « révolution » est souvent utilisé pour qualifier un changement culturel ou socio-technique dont on observe les prémices et dont on conjecture les impacts qui ne sont pas encore observés. Or, une révolution se mesure à partir d’éléments rétrospectifs et non pas d’extrapolations.

Si l’on considère les avancées actuelles de l’intelligence artificielle, non seulement du point de vue d’une échelle technologique linéaire, mais aussi en termes d’absorption culturelle et d’adoption sociale des technologies, il faudrait peut-être parler d’évolution plutôt que de révolution anthropologique. Mais cela nécessite un renversement intellectuel majeur : passer d’une pensée technocentrée (qui considère que c’est la technologie qui transforme la société) à une pensée sociocentrée des techniques (la perspective inverse). Une petite « révolution » en soi…

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By Fabien

Fabien est un auteur d'une grande expérience qui détient un savoir approfondi datant d'avant l'ère d'Internet et même celle des ordinateurs personnels. Depuis les années 1980, il a été un rédacteur prolifique pour de nombreuses publications tant imprimées qu'en ligne, se spécialisant dans les analyses d'ordinateurs portables, de téléphones, d'équipements réseau, de drones, de dispositifs de stockage, et récemment, des imprimantes 3D. Il s'est passionné pour cette dernière technologie, explorant les possibilités qu'elle offre tant dans le domaine professionnel que personnel. En qualité de critique, si un produit présente des lacunes dans son exécution ou sa conception, Fabien les identifiera inévitablement et proposera même des solutions alternatives.