De nombreuses femmes ont joué un rôle crucial dans la découverte et le développement d’innovations, telles que Margaret Hamilton, qui a contribué à la conquête de l’espace, Ada Lovelace, à l’origine du langage informatique, Hedy Lamarr, qui a jeté les bases de la technologie wifi, ou encore Shafi Goldwasser, pionnière de la cryptographie moderne. Cette dernière est d’ailleurs devenue la troisième chercheuse féminine de l’histoire à recevoir le prestigieux Prix A.M. Turing en 2012.
Le concept de « poker mental » à la base de la cryptographie moderne
Initialement intéressée par l’écriture de fictions, Shafi Goldwasser a rapidement été attirée par le langage des nombres et des mathématiques. Elle s’est donc orientée vers cette voie à la fin des années 1970, avec une spécialisation dans un secteur alors tout nouveau à l’époque : l’informatique. C’est ce qui lui a valu une renommée internationale, notamment grâce à ses travaux qui ont jeté les bases de la cryptographie moderne. Elle s’est inspirée du concept de « poker mental », ou comment jouer à ce jeu à distance sans avoir besoin d’un tiers de confiance qui garantit qu’aucune tricherie n’est possible. Elle développe alors avec Silvio Micali un cryptosystème révolutionnaire dit « à clé publique » qui repose sur un chiffrement aléatoire des données. La cryptographie moderne était née.
Imposer ses idées dans un monde scientifique et informatique très masculin
Par la suite, elle a fait évoluer son cryptosystème pour devenir « preuve à divulgation nulle de connaissance » qui a permis la protection, l’authenticité et la confidentialité des informations numériques, encore aujourd’hui utilisées par des applications comme le paiement en ligne ou l’authentification des cryptomonnaies contre les cyberattaques. Si sa reconnaissance est aujourd’hui mondiale, elle avoue avoir dû lutter pour être prise au sérieux dans un monde scientifique et informatique très masculin. Selon elle, « nous devons continuer à dénoncer ces iniquités dans toute la communauté scientifique pour promouvoir le changement sur la base de faits. Atteindre l’égalité des genres dans les sciences permettra aussi d’obtenir de meilleurs résultats, de meilleures équipes et de mieux éduquer nos enfants dans les générations à venir ».